C’est dans le cadre du service pédagogique du Mémorial de la Shoah que les stagiaires du programme Lelamed de l’Institut André et Rina Neher du Campus FSJU, ont bénéficié d’une après-midi de formation au Mémorial, le mardi 5 avril dernier.

L’après-midi a été divisé en deux parties : d’abord le brillant exposé de l’historien Philippe Boukara, qui brossa un rappel des faits essentiels sur la Shoah, suivi de l’intéressante intervention en visio, depuis Jérusalem, de Francine Kaufman sur le livre L’exil de la parole d’André Neher.

Avec pédagogie et clarté, Philippe Boukara rappela aux professeurs de Kodech les connaissances nécessaires pour avoir un tableau précis de la Shoah. Il a montré l’importance d’intégrer ces savoirs afin de pouvoir enseigner correctement aux élèves cette tragédie de notre histoire.

Philippe Boukara expliqua que les dernières recherches montrent qu’on se rapproche davantage de 5,5 millions de personnes assassinées, plutôt que 6 millions. Il expliqua les 4 méthodes d’assassinat employées, selon l’ordre chronologique, et insista sur la différence entre les camps de concentration et d’extermination, les modes de persécution et de meurtre utilisés par les nazis ou encore le point de vue des négationnistes.

Il pointa également les questions que se posent régulièrement les élèves, comme l’importance d’évoquer et comprendre la Shoah de nos jours, le sens du mot génocide, le sort des autres minorités pendant cette période ou encore la passivité du monde.

Puis, Philippe Boukara souleva des questions religieuses comme :

  • la définition du pikoua’h nefesh(comment s’y prend-on pour sauver des vies humaines ?)
  • la notion de Pidyon chevouyim(Payer une rançon ? Corrompre les bourreaux pour sauver une victime ?…) ou encore
  • la notion de kidouch Hachem, l’observance de la halakha (loi juive) dans des conditions extrêmes, pour lesquelles on doit mourir, à savoir 1/ abjurer le judaïsme, 2/ le meurtre, 3/ les relations interdites.

Enfin, Philippe Boukara évoqua l’existence de nombreux responsa et commentaires toraniques écrits pendant la Shoah.

En seconde partie, Francine Kaufmann, professeure à l’université de Bar-Ilan nous brossa la personnalité et la pensée d’André Neher qu’elle a connu personnellement, avant de présenter son ouvrage L’exil de la parole – Du silence biblique au silence d’Auschwitz.

Dans ce livre, André Neher aborde l’esclavage égyptien comme un modèle archétype de la Shoah.

Il montre que la non-présence apparente de D.ieu « galout hadibour », « hesther panim » ou son silence dans certains passages de la Tora est loin d’être une absence. De plus, ce mutisme ne signifie pas que l’homme doit rester indifférent au monde et à son sort. Au contraire, ce dernier doit agir.

D.ieu fait un pari sur l’homme, sur son engagement : il doit achever la Création en ayant le mérite d’agir dans le monde, en poursuivant l’œuvre de D.ieu. « achèr bara Elokim la’assot… » or pendant la Shoah, l’homme a « échoué » dans ce pari, l’alliance a été rompue, et pourtant, malgré tout, « Ouvkhol zote », nous renouvelons l’alliance avec D.ieu après cette tragédie.

Notre visite se conclut par un recueillement devant le mur des noms des déportés juifs de France.

Robert DERAI

Responsable des programmes de formations de Kodech

Portrait Dan Anidjar

Pour Dan Anidjar la formation, l’étude, c’est un peu l’histoire de sa vie.

Tout commence à Aix-les-Bains où il poursuit ses études dans le lycée Talmudique, alors sous l’égide de l’emblématique rav H’aïkin lui-même élève du H’afets Haïm ; là il devient bachelier. Puis en Israël où il côtoie les plus grandes figures spirituelles du moment comme le rav Shakh (zal) alors leader de la Agoudat Israël et d’autres géants de la Torah. Au total pour lui ce sont près de 6 années d’études poussées baigné dans le monde des Yeshivot.

 

De retour en France où il se marie, il étudiera au collel d’Épinay pendant 7 ans. Tout de suite les premières propositions dans le domaine de l’enseignement lui parviennent, mais il ne se lance pas immédiatement et préfère attendre pour se remplir et s’accomplir dans l’étude de la Torah. Ce n’est que plus tard, dans les années 2000 qu’il démarre l’enseignement.

En 2015, l’envie de voir autre chose l’inspire. Il se dit que : « L’expérience c’est bien mais il faut aussi apprendre ». Et c’est en étant en contact avec Robert Derai – l’actuel responsable des formations de Kodesh – qu’il franchit le cap et s’inscrit au programme Hé (devenu depuis programme Lélamed).

 

Passer des après-midis entières à se former sur le plan pédagogique, ce fut une très belle et très forte expérience nous explique-

 

e Hé, j’ai pu commencer à percevoir les choses autrement, à sortir de mon cadre de référence pour « voir avec les yeux de mes élèves ». Il y a trop de choses que l’on fait par instinct poursuit-il, et grâce à la formation on a pu découvrir de nouvelles méthodes pour mieux appréhender la relation enseignant/élèves. Après cette parenthèse de 2 ans, Dan Anidjar continue l’enseignement avec encore plus d’entrain.

t-il. On se rappelle ce que c’est d’avoir été élève et surtout, on se retrouve – le temps d’un après-midi – nous-mêmes élèves. Quoi de mieux pour avoir un regard bienveillant sur nos élèves que d’être à leur place ?

Cette formation m’a ouvert au « modernisme » dit-il car, « le dialogue est parfois compliqué avec les jeunes et leur vision est très différente de celle que l’on peut avoir nous-mêmes en tant qu’adulte / enseignant ». Grâce au programm

Aujourd’hui il se rend compte que d’enseigner à nos élèves le kodesh est une véritable gageure. En effet les niveaux de kodesh en termes de connaissances, d’éducation de culture et surtout de pratiques religieuses sont très différents ce qui n’est pas le cas pour les enseignements de hol. Et c’est justement ce défi que l’enseignant de kodesh relève au quotidien en enlevant ses œillères en s’adaptant à ses élèves avec empathie et bienveillance ; ainsi on accepte mieux l’autre, on accepte mieux les élèves.

Il conclut en citant le Haza’’l : « les paroles qui sortent du cœur entrent dans le cœur » et insiste pour saluer le travail de l’équipe du Campus FSJU qui correspond bien à cette maxime.

 

Héloïse ALLALI

 

 

C’est par Yaël Benarrouch, Directrice de l’école élémentaire Yabné Henri Schilli que nous avons été mis en contact avec Michel Carrère. Conseiller pédagogique en éducation physique et ayant obtenu son CAFIPEMF (Certificat d’Aptitude aux Fonctions d’Instituteur ou Professeur des Ecoles Maître Formateur) il est membre de jury CAFIPEMF. Michel Carrère est conseiller pédagogique auprès d’IEN (Inspection de l’Education Nationale)

Il travaille avec l’inspectrice en EPS (d’éducation physique et sportive) du 2nd degré depuis 5 ans sur des projets académiques tels que :

  • Le football scolaire
  • L’égalité fille / garçon
  • L’hétérogénéité

21 établissements de leur circonscription travaillent sur la :

  • Lutte contre les préjugés, comme l’égalité des corps fille/ garçon avant la puberté.
  • Lutte contre l’obésité
  • Lutte pour l’estime de soi

Lutte pour faire changer les mentalités car les enfants n’admettent pas de perdre. On leur a toujours appris à gagner et non pas à jouer pour le plaisir, ce qui devrait être fondamental. Il faut redonner une nouvelle image du jeu d’équipe. Le sport c’est surtout apprendre à se dépasser et non à dépasser les autres. Le sport est avant tout vecteur de santé dans un monde où les écrans ont pris de plus en plus de place.

Le jeu est facteur d’intégration dès lors qu’on sait fédérer les équipes. Nous le voyons aujourd’hui dans le monde de l’entreprise. La prise de risques doit s’apprendre et elle est préférable à éviter les risques. Mieux évaluer les risques pour mieux les gérer.

Un second domaine où il travaille également c’est sur la Mémoire de la Shoah.

Il contribue à une revue d‘EPS qui va de la maternelle à l’université.

Par ailleurs, référent mathématiques de circonscription, il est membre du jury CRPE (concours de recrutement du professorat des écoles). Il est responsable académique football depuis 2017, opération nationale de partenariat avec la FFF. « Foot à l’école » « éducation par le sport »

Il est également coordinateur d’opérations spéciales « un champion dans mon école »

Nous sommes contents de compter maintenant, dans notre panel de formateurs, un spécialiste EPS qui pourra conseiller les équipes enseignantes dans ce domaine souvent laissé pour compte.

France Nahum-Moatty

Nous avons assisté ces dernières années à une dégradation de la formation initiale des enseignants de kodesh en poste.

Certains des maîtres formés ces dernières années ont pris des responsabilités ou ont fait leur alya. C’est pourquoi la communauté doit, en permanence, continuer à former de nouvelles générations d’enseignants.

De plus les écoles juives se multiplient, les critères de recrutement des directeurs baissent, comme c’est le cas pour l’enseignement public en France, afin d’en garantir, autant que faire se peut, la présence d’un enseignement devant une classe.

C’est en période de crise du recrutement qu’il faut tant à la fois augmenter la formation des enseignants et valoriser le métier.

C’est pourquoi dès septembre 2022, nous doublerons le temps de formation en élargissant les programmes et nous la concentrerons sur une année pour optimiser encore son efficacité.

Ce nouveau programme Lélamed constituera la première étape d’un parcours professionnel.

La deuxième étape possible sera celle d’un programme Talpiot opéré par l’Institut Moshé Ahrend, d’approfondissement de la didactique des matières juives en vue de l’obtention d’une reconnaissance israélienne de la formation.

La troisième est celle du CAPEJ équivalent à un diplôme israélien d’enseignement.

Ceux qui le voudront pourront ensuite se préparer à devenir conseiller pédagogique de Kodesh dans les écoles juives.

Espérons que ce parcours et ses efforts permettront une nette amélioration de l’enseignement juif.

Patrick Petit-Ohayon

 

 

Dans le cadre d’un cours d’histoire juive hors les murs, leur professeur leur propose une visite guidée de l’exposition « Juifs d’Orient, une histoire plurimillénaire ». Cette exposition fait suite à une première exposition qui avait eu lieu en 2014 Hajj, le pèlerinage à la Mecque suivie en 2017 sur les chrétiens d’Orient. Ces trois expositions s’intègrent dans une trilogie consacrée aux religions monothéistes dans le monde arabe. Une approche chronologique et thématique parcourt les grands temps de la vie intellectuelle et culturelle juive en Orient en découvrant les échanges prolifiques qui ont façonné les sociétés du monde arabo-musulman durant des siècles

L’exposition débute par une frise chronologique qui montrait la présence des juifs en Orient avant les musulmans

Le parcours se divise en plusieurs parties

• De l’antiquité aux premiers temps de l’islam

Durant plus d’un millénaire avant l’ère chrétienne les hébreux vivaient en terre de Canaan jusqu’ à la destruction du premier temple où une partie de la population juive est exilée à Babylone et après la destruction du second temple, la diaspora juive s´intensifie. Les 4 grands foyers juifs sont : la Galilée, la Babylonie, la Syrie, et l’Egypte avec la péninsule arabique et le Maghreb. Dans la première salle de l’exposition, on admire des maquettes d’une synagogue dont les premières traces remontent au IIIème siècle avant JC.

Des enregistrements, de chants liturgiques parcourent la visite.

• Le temps des dynasties.

Du VII au XV siècle la majorité des populations juives vivent dans un monde de musulmans. Elles adoptent le judéo arabe. Durant cette période, juifs et chrétiens sont sous la coupe des musulmans et vivent dans un statut de « dhimmi « position d’infériorité mais qui leur garantit une protection.

Entre le IX et le XIIe siècle l’Egypte s’affirme comme le centre du monde oriental. A cette époque la communauté du Caire organise autour de la synagogue Ben Ezra un lieu pour conserver les documents dans une pièce consacrée.

Maimonide grand médecin juif, connu pour ses écrits de Halakha, ses commentaires sur la Michnah et le guide des égarés écrit en arabe, voit le jour à Cordoue en 1138. Il s’installe à Fès avant de s’établir définitivement en Égypte où il devient le chef de la communauté. Ses œuvres se diffusent en terre d’islam et en Occident chrétien.

Au X siècle c’est la période florissante des juifs en péninsule ibérique appelé :Al-Andalous

• Le temps des séfarades

Mais en 1492 c’est l’expulsion des juifs qui refusent de se convertir au christianisme. Les marranes continuent à pratiquer en cachette leur judaïsme, d’autres quittent l’Espagne pour aller vers le Maroc et l’empire ottoman ou l’Europe

• Les temps modernes

Le XIXe siècle est marqué par la colonisation de l’Algérie, la prise de contrôle de la Tunisie, du Maroc de la Libye par La France, le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Italie. Ceci va se répercuter sur les

communautés juives du monde arabo-musulman. En 1860 création de l’Alliance Israélite Universelle L’éducation devient un accès à la citoyenneté

• La vie des communautés juives au début du XX siècle

L’exposition montre le savoir-faire artisanal des juifs ; des objets d’art sur la vie quotidienne et liturgique en adéquation avec la loi juive. C’est la période de l’orientalisme où les peintres et écrivains sont attirés par l’Orient et la femme juive est une image. La dramaturge Rachel est une icône.

• Le temps des nationalismes

Le nationalisme arabe né à la fin du XIX siècle séduit un grand nombre de penseurs notamment en Irak et en Egypte. Les populations juives de l’Europe fuient les pogroms et s’installent en Palestine. L’augmentation de l’antisémitisme européen va conduire Théodore Herzl a publier « l’Etat Juif »

• Le temps de l’exil

Durant le XX siècle l’Europe domine une grande partie des pays arabes. Pendant la seconde guerre mondiale l’Allemagne va exterminer les juifs ;

L’antisémitisme européen atteint son paroxysme. C’est alors que la proclamation d’indépendance d’Israël intervient en 1948 suivie par les conflits armés entre Israel et les pays arabes.

Tous ces événements ont provoqué une séparation entre les communautés juives et musulmanes et poussé au départ les juifs d’Orient, souvent dans des conditions difficiles.

Le Maroc reste dans le monde arabe le seul pays où vivent encore plusieurs milliers de juifs dans d’assez bonnes conditions.

Aujourd’hui la question n’est plus celle de la présence mais plutôt celle de l’absence des juifs !

France Nahum-Moatty

 

Témoignages des étudiantes

Cette visite à l’Institut du monde arabe met en lumière des parties de l’Histoire juive : celles qui sont évoquées plus régulièrement comme les différents exils subis par le peuple juif et sa diaspora à travers le monde, mais également des volets de l’histoire qui ne sont que très rarement abordés, comme la présence du peuple juif dans les territoires musulmans d’aujourd’hui tandis que l’Islam n’avait pas encore vu le jour au moment où le judaïsme, lui y était très présent. La période de l’orientalisme et des juifs d’orient a été une découverte qui nous a ébloui par ses 380 000 feuillets retrouvés en Egypte dans la « guenizah » de la synagogue du Caire, en nous faisant partager et prendre conscience de cette vie juive en orient par ses écrits qui ont constitué les traces du passé et permis de recouvrir un pan de l’histoire des juifs entre le Xème et le XIIIème.

Au cours de notre visite nous avons pu admirer, des ossuaires de Jérusalem, des rouleaux de Qumran, mais également les commentaires de la michna de Maïmonide ainsi que le guide des égarés écrits en arabe. Des sifré Torah de Syrie, de Tunisie de toute beauté ! Cette visite organisée par Mmes Nahum-Moatty et Azogui-Bajer nous a ravies et nous a nourries d’enseignements riches et émouvants, puisque s’inscrivant dans une histoire qui est la nôtre.

Audrey GIORGI

 

C’est avec beaucoup de plaisir et d’intérêt que nous, élèves de M1 à l’institut Andre Neher, sommes allées visiter l’exposition « Juifs d’Orient, une histoire pluri millénaire » en compagnie de France Nahum-Moatty et avec comme guide l’exceptionnelle Mme Azogui-Bajer notre brillante professeure d’Histoire juive.

Cette exposition qui a lieu en ce moment et jusqu’en mars a l’Institut du Monde Arabe est incontournable à plusieurs niveaux.

Tout d’abord il s’agit d’une première dans l’histoire de l IMA, bien que prévue depuis longtemps cette exposition s’inscrit dans l’histoire des relations entre juifs et musulmans.

Ensuite, devant la richesse d’objets historiques exposés, l’émotion ressentie est palpable, nous permettant de matérialiser notre Histoire, si riche et si ancienne.

Enfin, afin de mieux appréhender les questions politiques et notre Histoire de demain, quoi de mieux que de parfaire la connaissance historique de notre peuple ?

Un grand merci à notre guide du jour pour ce moment fort passionnant, tellement plus impressionnant de voir en « vrai » notre patrimoine que sur un livre ou sur un ordinateur.

A notre tour d’encourager chacun à y aller !

Noémi COHANA

 

L’exposition « juif d’Orient, une histoire plurimillénaire  » a été une expérience très intéressante.

Nous avons pu découvrir les grands temps de la vie culturelle juive en orient et les échanges prolifiques qui ont façonné les sociétés du monde arabo musulman pendant des siècles.

Nous avons pu admirer également de magnifiques objets tel que des ossuaires de Jérusalem ou de magnifiques sifrés tora de Syrie et Tunisie.

Naomie TORDJMAN