On voit des parents attendre avec impatience la réouverture des écoles, car ils ont du mal à gérer, tout à la fois, leurs enfants et le télétravail. C’est compréhensible. Mais certains d’entre eux ne sont pas en télétravail ! Malgré cela, ils sont dépassés par leurs enfants !

Il semble qu’il y ait derrière cet état de fait, une problématique plus profonde qu’une simple question d’éducation et de méthode. Pourquoi certains parents baissent-ils les bras ? Les enfants sont-ils plus durs qu’avant, comme on dit ? Mais, qui dit que c’était mieux avant ? Comment faire pour s’en sortir ?

La source de cette situation se trouve dans le fait que le besoin de l’enfant est en concurrence avec celui de l’adulte. Ce dernier finit par se lasser de la relation parents-enfants et il n’y trouve pas son compte. Il se sent prisonnier dans sa position de parent qui l’empêche d’être lui-même Cette insatisfaction est provoquée par modèle relationnel erroné car inadapté. Cette erreur conceptuelle nuit tout autant à la relation parentale qu’à la relation maritale.

Dans le monde du travail, les relations sont régies par ce qu’on appelle le « don-contre don ». Je te donne, du temps, des conseils, de la reconnaissance, du sentiment d’exister, de l’argent éventuellement… Mais ce « don » n’est pas totalement gratuit. Il suppose une réciprocité, il attend un don en retour. Pas nécessairement de même nature. Il peut être remplacé par un service, une recommandation, une implication dans un projet… Au-delà du salaire, un employé peut se sentir redevable pour l’amabilité de son supérieur à son égard. Une autorisation exceptionnelle de partir plus tôt peut se rembourser par l’acceptation de rester plus tard une autre fois, sans qu’il s’agisse de récupérations instituées et codifiées. Le contre don n’est généralement pas immédiat, mais il devient une sorte de crédit à utiliser au moment opportun.

Ceci est parfois transposé dans certains couples, pour lesquels il n’y a pas de vrai cadeau. Si l’un a accepté de faire quelque chose que l’autre n’aime pas, alors il doit lui être redevable. Si l’autre n’obtempère pa, il passe alors pour un mauvais partenaire parce qu’il ne respecte pas les règles des bonnes relations entre adultes. Cela vaut bien sûr aussi bien pour les cadeaux matériels que pour du temps ou un service. Or, si entre des adultes qui sont des collègues cela peut se pratiquer, même si ce n’est pas idéal, c’est parce qu’on est dans le chacun pour soi. Le don est un leurre de bienveillance. Il est en fait un égocentrisme qui, ponctuellement, a besoin de l’intermédiaire de l’autre pour son bien. L’autre n’est que l’instrument du service. Il n’est apprécié qu’à la hauteur de sa capacité à nous fournir ou nous faire obtenir ce dont on a besoin ou envie. Dans le couple, cela a un effet délétère, car c’est la marque de l’absence de l’amour de l’autre. Chacun a besoin de l’autre, mais il n’accepte d’effort que dans l’espoir d’obtenir à son tour. Chacun s’aime d’abord lui-même, avant d’aimer l’autre. Or, ce n’est pas là un amour généreux, c’est la juxtaposition de deux égoïsmes qui peuvent se faire du bien l’un l’autre, mais qui, au fond, ne sont pas prêts à donner, s’il n’y a pas de retour. Face aux épreuves de la vie, ce type de relation n’est pas très solide et le lien risque de se rompre.

Lorsque cette modalité relationnelle est transposée avec ses enfants, c’est encore pire, car le retour, dans un temps court, n’est pas toujours au rendez-vous. Lorsque l’enfant est bébé, la satisfaction d’être mère ou père compense parfois. Mais on attend du jeune enfant qu’il remplisse sa mission et qu’il nous offre en retour des sourires, des rires, des gazouillis qu’on prendra pour des mots ou des messages qu’il nous adresse. Mais, en grandissant, il prend progressivement son autonomie et n’est pas toujours disposé à nous faire un bisou quand on le désire. Pourtant, on fait « tout pour lui » ! Mais il ne nous appartient pas et il n’est engagé par aucun pacte. Il vit sa vie. Il a impérativement besoin de nous, mais n’est pas toujours en mesure de donner. D’ailleurs, même au niveau de la loi juive, on considère qu’un enfant n’est pas en mesure de donner avant l’âge de la majorité. Donner, cela signifie, d’une part, avoir conscience que la chose nous appartient et être capable de s’en dessaisir et, d’autre part, abandonner la chose à l’autre, une fois qu’elle est donnée, sans espoir de pouvoir la reprendre. Or, c’est ce renoncement qui est difficile à accepter pour l’enfant. Mais aussi parfois pour nous, adultes.

Donner vraiment, c’est le faire sans rien attendre en retour que le spectacle du bonheur ou de la satisfaction de l’autre. Donner, ce n’est pas rendre l’autre redevable, c’est le libérer de toute dépendance, même de la nécessité de dire merci.

Or, la satisfaction d’une telle gratuité est très grande et le fait de donner à l’être qu’on aime devrait pouvoir se suffire à elle-même. Pour cela, il faut accepter de ce se décentrer, de considérer l’interaction avec l’autre comme étant plus importante que soi-même. Si l’autre est perçu comme étant à notre service, alors il n’est qu’un « utilitaire ». Si l’autre est aimé, vraiment, alors sa satisfaction, son plaisir peuvent être considérés comme plus importants que le nôtre. Il ne s’agit pas de se sacrifier, l’un pour l’autre, comme on pouvait l’entendre dans les générations précédentes. Il s’agit d’arrêter de se prendre pour le centre du monde. Cela ne rend pas heureux. Comme il y a beaucoup de concurrents pour une même place, personne n’est vraiment satisfait.

Aimer ses enfants, c’est ressentir l’importance de leur présence et tout faire pour leur bien. Alors même que nous n’avons pas nécessairement de retour affectif, dans l’immédiat. Cela vient parfois bien plus tard, dans la vie. Parfois, cela ne vient pas de manière explicite, car l’enfant, devenu adolescent puis adulte, peut avoir du mal à exprimer ses sentiments pour ses parents. Notre amour ne devrait pas nécessiter de rétribution.

Espérons que le retour à l’école ne soit pas un soulagement mais un déchirement. Essayons de nous décentrer pour aimer l’autre simplement parce qu’il est ce qu’il est, et pas pour en attendre de réciprocité.

Patrick Petit-Ohayon

Le confinement met tout le monde sous pression, parents et enfants. Surtout dans les conditions actuelles où il faut conjuguer, pour beaucoup, des exigences diverses : le télétravail, l’école à la maison, le plus souvent avec des niveaux scolaires multiples, la gestion d’un foyer avec ses occupants, présents en permanence… Ce faisceau de contraintes multiples risque de mettre à mal notre réponse aux situations qui nous interpellent. Nous risquons, par manque de recul, d’être expéditifs, instinctifs, lorsqu’il faudrait écoute, bienveillance et accompagnement.

Pour ne pas perdre pied et sortir du couple infernal « action-réaction », nous vous proposons de vous attacher à un concept éducatif essentiel, celui de la congruence.

Il est loin d’être facile à mettre en œuvre, c’est pourquoi le défi à relever chaque jour est intéressant. Vous échouerez peut-être au début, c’est normal, abordez cela avec humour et distanciation, et progressivement, vous allez vous voir progresser. Or, son application changera de manière radicale votre façon d’être et d’éduquer vos enfants et d’être vous-même. Cela ne veut pas dire que vous serez parfait à vie, ne rêvons pas, nous ne sommes que des êtres humains et le droit à l’erreur est permanent. Mais, vous pourrez toujours vous ressaisir et redresser la barre.

De quoi s’agit-il ?

La définition :

En pédagogie, la congruence est la capacité à mettre en adéquation nos paroles et nos actes.

En communication, c’est la faculté à mettre en cohérence notre communication verbale avec notre communication non verbale.

Cela semble aller de soi, mais les situations sur le terrain disent bien souvent l’inverse. Qui n’a pas demandé à ses enfants de ne pas crier, en criant soi-même ? De plus, ce n’est pas à apprécier seulement dans l’instant, mais de manière générale, dans la vie quotidienne. Qui n’a pas interdit à ses enfants de mentir, tout en se l’autorisant à soi-même ? Or, sur ce plan-là, pourquoi l’adulte aurait-il des droits différents de ceux de l’enfant ?

En éducation, le principe « fait ce que je te dis, pas ce que je fais » n’est pas opérant. En effet les enfants, et les jeunes, pour la plus grande partie d’entre eux, oublieront les paroles de leurs parents, comme de leurs enseignants. En dehors, bien sûr, de quelques phrases « cultes », qui resteront gravées dans leur mémoire, en fonction des circonstances particulières dans lesquelles elles ont été prononcées, de grande émotion, de grande tension, ou au contraire par leur caractère humoristique, ou encore répétitif. Mais ceci en fait, justement, des exceptions.

La majorité de nos paroles seront oubliées, sauf si elles sont en adéquation avec nos actions. Ce que nous faisons est nettement plus structurant et modélisant pour les enfants et les jeunes. Chacun de nos gestes est scruté, analysé et sert de référence à ce qu’il faudrait reproduire ou au contraire ne surtout pas refaire. Pour la mémorisation, le niveau de congruence est très important.

C’est pourquoi, faire ce que l’on dit aux enfants est essentiel.

Comment exiger, avec efficacité, qu’ils rangent leurs chambres alors que nous ne rangeons pas la nôtre ? Bien sûr, ce n’est pas parce que la nôtre est rangée qu’automatiquement, ils vont ranger la leur. Le rangement n’est pas toujours naturel, et peut paraître ennuyeux, voire être assimilé à une punition. C’est pourquoi il est préférable de ranger avec eux, éventuellement sur le mode du jeu, plutôt que de les regarder ranger. Comment leur demander de valoriser une tâche pour laquelle nous exprimons, par notre comportement, du désintérêt ? Ils ne sont pas dupes et le ressentent clairement, même s’ils ne sont pas forcément en mesure de le verbaliser. Le jour où ce sera le cas, ils n’hésiteront à nous le reprocher, car cette incohérence leur est insupportable.

Essayons de mettre en pratique, dès à présent, cette congruence. Même si on échoue. C’est un apprentissage comme les autres. Ne dit-on pas à nos enfants, dans le travail scolaire, qu’il faut apprendre de nos erreurs ? Dans l’échec, c’est l’action qui n’est pas la bonne, pas l’être qui est en jeu. Alors, choisissons d’en rire pour prendre du recul et réessayer la fois suivante, en faisant un peu plus attention à ce que nous faisons et à ce que nous disons. Progressivement, on ira de succès en succès.

Cette congruence est fondamentale, non seulement du point de vue de la vérité et de la justice, mais également dans notre capital de crédibilité auprès de nos enfants. Ils ont besoin de parents fiables, équilibrés dans leurs messages éducatifs. C’est ce qui fera qu’ils écouteront nos recommandations. Même si pendant l’adolescence, il est possible qu’ils s’en éloignent momentanément, parce qu’ils ont besoin de construire leurs propres références, ils y reviendront ensuite car la congruence est fiable.

Profitez de cette période de confinement qui dure encore un peu, ou même après pour en faire l’expérience. Vous en bénéficierez et vos enfants aussi.

Patrick Petit-Ohayon

Avec l’épidémie du Covid19, on comptabilise chaque jour le nombre de morts. La mort est devenue proche de nous alors que nous l’avions peut-être oubliée. Les enfants ne sont pas épargnés des réflexions que suscitent le décès d’un proche. Les parents ont un rôle très important à jouer dans l’accompagnement du questionnement de l’enfant face à la mort.

Comment j’aborde le décès d’un proche ?

Dois-je en parler de la même façon à mon petit enfant et à mon adolescent ? Comment expliquer la notion de mort ?

Quels mots employer ?

Comment surmonter ma propre angoisse face à la mort ?

Puis-je parler de mes croyances ?

Et si mon enfant se ferme ou cauchemarde, que dois-je faire ?

Pour répondre à toutes ces questions, Hélène Zrihen, directrice des formations au Campus FSJU a interviewé Léa Bitelmal.

Léa est diplômée en psychologie clinique de l’Institut de psychologie de l’Université Paris Descartes. Elle s’est spécialisée dans la gestion de l’anxiété et la prise en charge EMDR des psycho traumatismes. Léa partage son temps entre l’institutionnel (à l’OPEJ et au CASIP) et le libéral dans son cabinet du 8e arrondissement de Paris. Elle accompagne ainsi toutes formes de publics : enfants, ados, adultes et aidants familiaux. Ancienne directrice d’Accueils Collectifs de Mineurs (ACM), elle continue chaque été à former et coacher les nouveaux directeurs notamment auprès de Moadon.

Vous trouverez ci-après le fruit de cet échange, propos recueillis et rédigés par Hélène Zrihen.

 

Hélène Zrihen : Depuis le début de la pandémie, la mort s’invite chez nous, au détour d’une prise de parole à la télévision ou à l’annonce d’un décès de proche, ami, professeur. Peut-on épargner les enfants de ces tristes nouvelles ? Comment annoncer la mort à un enfant ?

Léa Bitelmal : Pour commencer, Hélène, je rappellerai à tous les parents à quel point il est important de protéger les enfants des images qui circulent, actuellement, en continu. Leurs cerveaux ne sont pas en mesure de prendre en charge toutes ces images, au potentiel hautement traumatique.

Ce cadre posé, parler de la mort est nécessaire.

Afin, d’en amoindrir la difficulté, quand cela est possible, il faudra partager les informations sur l’état de santé de la personne pour laquelle nous nous inquiétons avec les enfants. Expliquer que la personne est malade, qu’elle est suivie par des médecins, qu’on la soigne.

Il s’agit d’aider l’enfant à se préparer comme on le fait pour nous-mêmes.

Si la mort survient, nous ne devons pas la présenter sous forme métaphorique « il s’est endormi », « il est parti ». Cela peut prêter à confusion. Si la personne s’est endormie, dans la pensée de l’enfant, elle peut se réveiller. Si on lui dit qu’elle est partie, c’est donc qu’elle pourra revenir. De plus, l’enfant peut associer mort et sommeil et ne voudra plus s’endormir ; il pourra aussi entrer dans une peur panique, refusant de laisser partir un parent au travail de crainte de ne plus le voir revenir.

Dire les choses simplement, en employant le vocabulaire usuel, sans mentir est important. Évidemment, il ne s’agit pas d’être exhaustif, au risque de choquer, mais bien de dire ce qui se passe en se référant au fonctionnement biologique de l’être humain.  « La mort c’est quand on ne respire plus, c’est quand le cœur s’arrête, que la personne ne peut plus parler, plus marcher » Il ne faut pas hésiter à proposer aux enfants de poser toutes les questions qui peuvent leur venir après-coup.

Pour apaiser la tristesse de la disparition, on peut aider l’enfant à construire ses ressources. Même si la personne n’est plus physiquement avec nous, on peut continuer à la faire exister dans notre souvenir. C’est une manière aussi de continuer à la faire vivre en nous. La mémoire, le souvenir, sont des moyens d’apaiser l’absence.

On peut aussi partager nos croyances. La spiritualité est un recours. C’est dans nos familles l’occasion pour parler à l’enfant de la continuité de la vie de l’âme dans le monde d’après (olam haba), des personnes qui pourront continuer à veiller sur eux…

 

HZ : Comment fait-on pour parler de la mort quand elle nous fait peur ?

LB : Avant d’annoncer un décès à ses enfants, nous pouvons prendre un temps pour réguler l’intensité de notre état émotionnel. Pour ce faire, nous pouvons échanger avec un adulte, un ami, un proche. Se donner le temps de l’apaisement et le choix des mots justes. Montrer qu’on a du chagrin, pleurer c’est possible et normal, si on explique et qu’on précise bien à son enfant que ce n’est pas de sa faute si son parent est triste, comme ce n’est en aucun cas de sa faute si la personne est décédée. L’idée n’est pas de cacher ses sentiments mais de veiller à rester le plus calme possible pour que l’enfant puisse comprendre ce que l’on souhaite lui transmettre comme message.

 

HZ : Est-ce qu’aborder le sujet de la mort ne peut se faire qu’avec son adolescent ?

LB : Il est important de parler à tous ses enfants, sur une temporalité assez proche, lorsqu’un décès touche la famille, que cela soit de très près ou d’un peu plus loin.

Ne pas parler en direct à son plus jeune enfant laisse libre court à son interprétation et à son questionnement ou pire à l’interprétation que fera le plus grand de ce qu’il a entendu. De plus, un enfant à qui on ne s’adresse pas, peut penser qu’il ne compte pas ou qu’il est responsable du décès, ou responsable de la peine de ses proches et que c’est pour cela qu’on ne communique pas avec lui sur le sujet.

Il s’agit donc bien d’expliquer aux plus petits comme au plus grands ce qui se passe. Peut-être ne choisirons-nous pas les mêmes mots pour chacun, mais nous devons veiller à leur transmettre la nouvelle.

 

HZ : Doit-on obliger nos ados à discuter avec nous quand il se passe quelque chose de grave ? Je force le trait, quitte à les harceler afin de permettre à l’angoisse de sortir ?

LB : Souvent les adolescents ne veulent pas parler avec leurs parents. C’est l’âge de la séparation, de l’individuation. Le sujet de la mort ne fait pas exception. Ils préfèrent rester dans leur chambre et en parler avec leurs amis ou même avec d’autres adultes.

C’est tout à fait normal que les adolescents n’aient pas envie de parler avec leurs parents et rassurons les ce n’est pas seulement le cas de leurs enfants.

C’est parfois aussi parce qu’ils ont peur de faire de la peine en exprimant leurs sentiments ou parce qu’ils ont besoin de garder leurs distances. Ils préfèrent se protéger de cette proximité pour pouvoir grandir. Il ne faut pas leur en vouloir et accepter qu’ils choisissent le moment où ils ont envie d’en parler.

Pour permettre à ce moment d’émerger, dire clairement « Je constate que maintenant tu n’as pas envie de parler de ce sujet avec moi ; mais sache que lorsque tu en auras envie je serai à ton écoute ».

Ne pas les harceler est essentiel mais rester à l’écoute est fondamental.

 

HZ : Comment revenir à la vie quotidienne ?

LB : C’est fondamental de garder ses repères et de recommencer à vivre normalement en gardant le cadre dont l’adolescent ou le jeune enfant a besoin pour continuer à grandir. Bien sûr, il ne s’agit pas de contraindre de façon autoritaire les enfants, mais bien de conserver un emploi du temps qui leur permettra de sentir que la vie continue. Ce cadre est nécessaire, l’enfant en a besoin pour reprendre le cours de la vie.

 

HZ : Quand dois-je consulter ?

LB : Si je constate, chez mon enfant, une vraie difficulté à surmonter cette épreuve, s’il a des idées noires, s’il fait des crises d’angoisse, s’il dort mal (difficultés d’endormissent, réveils nocturnes, cauchemars répétitifs) ou ne mange pas bien, s’il se perd dans ses pensées et est envahi par des images douloureuse et intrusives… Dans ces cas de figure, il ne faut pas hésiter à consulter.

Les décès liés au COVID 19 sont particuliers, et le deuil de chacun peut être compliqué en raison du facteur hautement traumatique qui l’accompagne. Les enfants, adolescents mais aussi les adultes pourront parfois avoir besoin de suivi spécialisés surtout lorsque les décès touchent des personnes qui leur sont très proches.

HZ : Nous avons tous, les moyens d’en discuter avec nos enfants.

En synthèse :

  • Préparer l’enfant au décès d’un proche,
  • Éviter à tout prix les mensonges,
  • Dire les mots justes,
  • Partager ses croyances,
  • Entretenir le souvenir,
  • Être au clair avec son propre ressenti.

 

J’espère que ces pistes de réflexion et ces réponses apportées par Léa Bitelmal contribueront à vous aider et à clarifier les moyens d’aborder ces sujets avec vos enfants.

Avoir un adolescent à domicile, cela ressemble à une expérience, in vivo, de notre seuil d’acceptation de la différence.

L’adolescent(e) ne se couche, ni ne se lève à la même heure que le reste de la famille. Il évolue généralement dans une chambre de type capharnaüm, entre un lit et un bureau qui sont ses espaces de refuge. Son téléphone est greffé à sa main ou à son oreille, et il a toujours une tablette ou un ordinateur à portée. L’adolescent évolue en bande, même si sur ses réseaux sociaux préférés, son langage devient progressivement incompréhensible aux parents qui décidemment ne sont pas branchés…

Si vous êtes déjà parents d’adolescents, vous connaissez cela mieux que moi, peut-être. Si tel est le cas, comment essayer de vivre cette période sans craquer, surtout avec ce confinement qui vous maintient en proximité familiale 24 heures sur 24.

Il n’y a pas de solution miracle, mais cette phase d’évolution du jeune, commençant maintenant de plus en plus tôt2 et se terminant de plus en plus tard, il faut tout à la fois s’armer de patience et changer de posture parentale.

Tout d’abord, il faut se rappeler que l’adolescent se différencie en s’opposant. Il se cherche et a besoin d’un espace de créativité en se distanciant des règles et normes familiales. Ne cherchez pas à vous y opposer par l’autorité, cela ne ferait qu’accroitre son besoin d’opposition. Il va falloir accepter qu’il (ou elle) ait une marge d’autonomie sur son espace chambre, qui ne vous appartient plus et que vous ne contrôlerez plus. C’est difficile à accepter, mais faites-le pour votre enfant et tournez la tête. Momentanément, les normes ont changé pour lui.

Ensuite, comme le dit si bien le sociologue François de Singly3, pensez-vous en organisateur de voyages. Ce n’est pas vous qui faites le voyage, c’est votre enfant. Vous organisez tout pour que cela se passe bien, mais vous restez à distance pour qu’il puisse se sentir libre. Cela veut bien dire que vous ne décidez pas tout pour lui, mais que vous sécurisez son itinéraire de vie pour qu’il ne lui arrive rien de fâcheux, il serait capable de vous le reprocher. Il peut donc être momentanément libre de ses activités et de ses horaires, mais ménagez des rendez-vous de retrouvailles familiales, comme à la table de Chabbat.

L’adolescent change de tuteur de sécurité, il s’éloigne des parents pour s’accrocher à des pairs, avant, le moment venu, de s’attacher à son mari ou à sa femme. Vous le savez depuis sa naissance, votre enfant tout au long de sa vie va devoir se détacher progressivement de vous pour, dans l’autonomie, devenir père ou mère à son tour. Cela ne veut pas dire qu’il ne vous aime plus, ou qu’il se détourne de vous, mais qu’il grandit tout en vous gardant dans son cœur, mais qu’il lui sera plus difficile de vous l’exprimer car une certaine pudeur peut s’installer entre vous. S’il ne vous « calcule pas » comme disent les jeunes, au moment de l’adolescence, c’est parce qu’il a besoin de s’intégrer à un groupe de jeunes de son âge qui l’aideront à grandir, ce n’est pas parce qu’il ne vous aime plus ou qu’il vous a oublié. Patientez, le moment venu, il saura vous montrer son affection surtout si vous ne le culpabilisez pas ou que vous ne le harcelez pas.

L’adolescent n’est plus un enfant. Il est en train de devenir un adulte. D’ailleurs dans la tradition juive il l’est déjà. Considérez-le comme tel. Echangez avec lui, comme vous le feriez avec une personne juste un peu plus jeune que vous. Demandez-lui son avis sur telle ou telle question, ou réfléchissez avec lui. Il en est capable. Son avis peut vous importer. Associez-le aux décisions de la famille. Surtout écoutez-le exprimer ses goûts et ses idées. Vous avez le droit de ne pas être d’accord, de ne pas aimer la musique qu’il écoute en boucle, (comme vous le faisiez à son âge), mais dans le respect de son opinion et de sa personne. Son droit à la parole est essentiel, si vous voulez obtenir qu’il respecte la vôtre. La famille devient alors une expérience grandeur nature du vivre ensemble de personnes venant de cultures et d’opinions différentes. Mais pour que ce vivre ensemble soit enrichissant, chacun doit savoir qui il est. En tant que parents, vous avez également le droit d’affirmer votre identité, vos valeurs, vos choix. Ne soyez pas un ventre mou qui considère que tout se ressemble, cela risquerait de l’entrainer, par opposition, vers une posture radicale. Dans le Talmud, Hillel et Chammaï avaient des positions très différentes et souvent opposées, mais toujours dans le respect mutuel et c’est ce qui a maintenu la cohésion du peuple juif à leur époque. Que vous soyez plutôt Hillel, à l’écoute des besoins de chacun, ou plutôt Chammaï idéaliste et exigeant, peu importe, maintenez le dialogue à l’intérieur de la famille. L’adolescence ne dure pas toute la vie et vous apprécierez, une fois cette période passée, de retrouver votre enfant dans une posture plus conciliante.

Bon courage

Patrick Petit-Ohayon

 

 

  • En écho du livre : Comment élever un ado d’appartement, Anne de Rancourt, J’ai Lu, 2009
  • Les Adonaissants, François de Singly, Armand Colin, 2007
  • Comment aider l’enfant à devenir lui-même ?, François de Singly, Armand Colin, 2009

 

 

 

 

 

 

 

 

Stress et émotions sont intimement liés, en effet, pour gérer son stress, il faut développer son intelligence émotionnelle.

Tout simplement : apprendre à réguler ses émotions, mais avant tout, les comprendre!

Apprivoiser les émotions, en temps de confinement, n’est pas une mince affaire, puisque cette situation est propice à des pics émotionnels forts (peurs et frustrations).

Les émotions des enfants sont donc souvent débordantes et influencent leurs pensées et comportements.

Derrière chaque émotion se cache un besoin, il faut alors aider ses enfants à les décoder jusqu’à ce qu’ils soient capables de le faire seul !

Pour cela, ma deuxième série de fiches « Monsieur et Madame Avocado gèrent leurs émotions » vous permettra d’aider votre enfant à mettre des mots sur leurs ressentis.

« Cette roue des émotions », adaptée aux plus petits, peut également s’avérer intéressante avec les plus grands.

Dans un premier temps, proposez-la comme une activité manuelle et profitez-en pour échanger sur ce sujet avec eux.

Une fois l’émotion nommée, il faut creuser et découvrir ce qui s’y cache, et cela prend du temps et demande de l’investissement et de l’énergie.

Comme promis, parlons sophrologie pour aider vos enfants à gérer leurs émotions !

La sophrologie est une méthode psychocorporelle ayant pour but d’harmoniser le corps et l’esprit.

Elle permet de développer ses capacités et de maximiser son potentiel !

Grâce à ses mouvements doux, sa respiration contrôlée et ses visualisations d’images positives elle offre une infinité de possibilités…

Elle est très efficace avec les enfants de tous âges. Surtout lorsqu’elle est ludique !

Je vous propose un exercice de sophrologie pour la gestion des émotions de vos enfants, mais également pour vous, parents.

L’exercice du « karaté »

L’objectif de cet exercice est d’apprendre à se libérer de ce qui le dérange.

Pour cela, invitez votre enfant à froisser une feuille de papier en boule en y mettant

toute son émotion négative (par exemple : la colère).

Enfin, faites-lui imaginez qu’une cible se trouve devant lui et qu’il doit lancer sa boule de colère le plus loin possible en touchant la cible.

En pratique :

Debout, les pieds parallèles, le dos bien droit, le corps souple, les bras le long du corps.

Inspirez profondément en levant le bras de votre choix à l’horizontale, le poing fermé.

Pliez votre coude en ramenant votre main vers votre poitrine.

Enfin, expirez fortement par la bouche, jetez la boule de papier en imaginant toucher la cible et ainsi expulser votre colère.

Je vous conseille de r éaliser cet enchaînement à trois reprises en reprenant à chaque fois une respiration naturelle !

N’hésitez pas à ouvrir un petit temps d’échange avec votre enfant à la fin de l’exercice s’il souhaite échanger sur ses ressentis, évidemment avec bienveillance !

À vous d’essayer !

Sarah Lévy

Psychothérapeute et sophrologue