Formation sur le traumatisme des enfants cachés du groupe d’auxiliaires de vie du projet Tikva


 

Régine Waintrater, psychanalyste et thérapeute, auteur de nombreux ouvrages sur le traumatisme a animé une séance avec le groupe d’auxiliaires de vie du projet Tikva de la maison de retraite et de gériatrie de la Fondation Rothschild, auxquelles se sont joints des  cadres et des psychologues de l’institution.

Elle a émaillé son propos par des situations cliniques rencontrées dans son travail de thérapeute. « Qu’advient-il des enfants cachés à l’heure du vieillissement ? »

La vieillesse constitue un traumatisme de plus. Comment celui qui a été « enfant caché » va-t-il le vivre ?  Sans faire de généralisations car chaque sujet est unique, elle a pu repérer quelques grands traits  qui peuvent permettre aux soignants de mieux définir leur prise en charge.

Elle a rappelé aux stagiaires le contexte historique et social : la prise de conscience sur le traumatisme des « enfants cachés » est tardive. Il faut attendre les années 80. La 1ère conférence a lieu à  New York, en 1991.

On réalise que les enfants cachés ont des vécus communs : notamment le sentiment de solitude absolue, les difficultés du retour. Ils ont continué à grandir dans leur expérience de la clandestinité.

Ils ont des difficultés a penser en tant que groupe. Ils  n’ont pas cessé d’être cachés psychiquement : l’obligation de changer d’identité, celle-ci comme un secret vital.  Au retour, on ne les a pas beaucoup questionnés. Pour les uns cela s’est bien passé, pour d’autres non.

On parle d’une «génération d’enfants cachés ».

Vieillir, est dès lors vécu comme une  injustice de trop. Après le chamboulement de la temporalité (peur, cache, déportation) comment aborder la vieillesse ?

Pour leurs descendants, le traumatisme est partagé. Les parents ont peu parlé, ils ont aussi souvent été à leurs yeux des figures de héros, de battants.  Intact aux yeux du monde, le vernis se défait au stade du vieillissement.

Comment accepter cette vulnérabilité des parents, cette dépendance du vieillissement ?

Mme Weintrater avec humour et gravité, avec chaleur, n’hésitant pas à convoquer sa propre histoire a permis au groupe de soignants d’intervenir sur leurs pratiques, d’éclairer leurs  questionnements, d’assoir leur place dans cette triangulaire semée d’embûches  entre les patients et leurs familles.

Les participants se sont redressés sur leurs chaises au fil des mots, les yeux brillants, la parole se déliant peu à peu, conscients de recevoir une belle leçon d’humanité.

Lucia BENSIMON