Séminaire d’Arahim en Finlande : le rêve des pédagogues
Au mois de mars, Mario IZCOVITCH et Mariano SCHLIMOVITCH, ont choisi pour destination du séminaire des cadres éducatifs européens : la Finlande.
L’enjeu : Comprendre pour transposer
La plupart des pays européens étaient représentés : la Russie, la Biélorussie, la Tchéquie, la Hongrie, l’Angleterre, la Belgique, l’Espagne, l’Italie, la Suisse…
Pour la France une délégation de trois institutions : l’école Yabné représentée par Yaël Benarrouch, l’école Heikhal Menahem, Elisheva Kravieck, le FSJU et le Campus FSJU par moi-même
Chacun s’est extirpé de ses obligations quotidiennes pour penser encore et encore l’école juive de demain.
Car c’est bien de cela dont il s‘agit, l’Ecole. Le vieux sanctuaire du savoir il, toujours, se décliner de la même façon ? Comment enseigner le judaïsme à l’épreuve du temps et de la diaspora ? Le tsunami numérique remettra-t-il en question toutes nos modalités d’enseignement ?….
A l’heure de l’effondrement de l’autorité, de la remise en question du maitre « sachant », de la crise de la culture, la Finlande caracole aux 3eme rang de l’évaluation PISA en 2009*.(*Le programme PISA (acronyme pour « Program for International Student Assessment » en anglais, et pour « Programme international pour le suivi des acquis des élèves » en français) est un ensemble d’études menées par l’OCDE et visant à la mesure des performances des systèmes éducatifs des pays membres et non membres. Leur publication est triennale. La première étude fut menée en 2000.Même si depuis la Finlande est retombée au 12ieme rang Pisa, le système éducatif prôné reste l’objet de nombreuses recherches en Sciences de l’Education. Pour rappel France est 25 IEME)
Comment font-ils ?
La question est simple, mais la réponse relève d’une démarche qui implique tous les acteurs du système. C’est d’abord et avant tout une volonté d’Etat. L’école est gratuite et obligatoire jusque dans les repas quotidiens distribués aux élèves. Les enseignants sont triés parmi les meilleurs doctorants en éducation et payés des salaires de cadres. Leur sélection est drastique. Dans les écoles toutes les matières sont enseignées sans jugement de valeur ni dépréciation. La culture, la technologie, les enseignements artistiques ou de la maison (art culinaire, couture) ont leur place dans la construction de l’enfant. Toutes les matières, aucune n’est plus noble qu’une autre, ceci pour aider à faire émerger les compétences de chacun. Dès lors, l’orientation de l’élève est choisie et non subie. Les maitres mots étant confiance et bienveillance.
Pour mieux comprendre nous sommes allés à la rencontre des équipes pédagogiques et des cadres scolaires .Les écoles que nous avons pu visiter avaient de nombreuses caractéristiques communes.
Ce sont des lieux ouverts dont l’architecture est pensée pour donner à chaque espace une possibilité de travail. Les couloirs qui distribuent les salles peuvent accueillir des enfants pour travailler ou pour jouer. On y trouve des bancs, des tables de ping-pong, des métiers à tisser. Souvent centrale, une salle polyvalente, ou se dresse une estrade, sert de self et d’amphithéâtre pour des spectacles. Il y a certes des salles de classe mais aussi un gymnase, une salle de concert, où tous les instruments d’un orchestre sont mis à disposition. Le sous-sol de l’école est aussi aménagé, on y trouve un atelier d’ingénieurs ou des enfants fabriquent des maquettes d’avions, une salle ou est reconstitué un mini appartement pour apprendre «l’art de la maison» : machine à coudre, cuisine… Chaque classe est équipée d’un tableau numérique en activité et d’un piano.
En fait, apprendre n’est pas une situation artificielle mais se fait «in situ».
Dans ces différents lieux nous avons échangés avec les enfants dont l’anglais est courant. Certains nous ont présenté des projets sur lesquels ils travaillaient. D’autres nous ont invités à écouter un morceau de musique qu’ils étudiaient avec leur professeur. Dans toutes les classe un ordinateur et un vidéo projecteur en activité qui déroule le cours. Les enfants sont répartis en groupe selon leur compétences .Certains travaillent seuls, par terre dans le couloir, ils sont autonomes .D’autres sont à une table dans le hall. D’autres sont avec la maitresse qui les suit pas à pas.
Qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur des murs de la classe ; l’emploi du temps et les apprentissages quotidiens de chaque élève sont répartis selon leurs compétences personnelles. Pas de programme préétabli, pas de notes ni de système d’évaluation.
Les maitres sont souvent plusieurs en responsabilité d’une même classe. Leur travail est régulé par de nombreuses concertations d’équipes. Le maitre est entièrement libre de ses choix pédagogiques.
Le directeur est un manageur garant de la bonne mise en place du projet éducatif de son école. Il veille à l’implication de chacun des membres de sa communauté éducative et peut intervenir auprès des enseignants pour accompagner à la mise en œuvre.
En plus de ces visites et de ces analyses du système éducatif, Mario IZCOVITCH et Mariano SCHLIMOVITCH ont imaginés des rencontres avec des expert de l’acte d’apprendre.
Pour, la Directrice du département pédagogique de Microsoft, l’école finlandaise est déjà obsolète. Apprendre c’est anticiper le futur. Pour s’abstraire du présent l’école doit être à la pointe de toutes les avancées technologiques, s’approprier de nouvelles découvertes. D’ici 10 ans, l’homme sera exempté de tous les travaux exigeants répétition et mémoire. Environ 50% de ces tâches seront assumées par des robots. Selon une étude, près de 50% (47%) des emplois aux Etats-Unis sont menacés par la robotisation. En France, on parle de 42% et de 3 millions d’emplois détruits dans les 10 ans qui viennent. Il faudra alors réinventer l’école. L’informatique assistera toutes les ressources de la pensée humaine. Les techniques d’animation, l’audiovisuel, la téléportation, Skype, le travail en réseau, seront consubstantielles de l’acte d’apprendre.
M. B est un psychiatre qui après avoir travaillé en hôpital seul à seul avec son patient puis en thérapie familiale décide de penser les problématiques autrement.
Et si, nous dit-il, si, au lieu de réprimer ou punir excédés, nous réfléchissions avec le parti-pris d’élucider le pendant positif de l’expression d’empêchement ou de «mal être». Un enfant se bat, il frappe, il mord, il crie… Si au lieu de formuler un interdit, nous réfléchissons ensemble, avec lui, quelle compétence explorer pour réprimer sa violence. Si un enfant est mutique, comment lui faire prendre la parole en co-construisant méthodiquement, pas à pas, des étapes pour l’encourager à s’exposer. Quelle compétence dois tu acquérir pour ? Qu’est-ce que tu sais faire ? Que te reste-t-il à apprendre ? Si nous les aidions à ponctuer leur chemin de réussites ?
A l’issu du séminaire, une question : Comment retransmettre ?
Apprendre c’est accepter le changement et la remise en question. C’est assumer ses peurs et ses envies. Et surtout essayer de vivre ses rêves. Mais pour les vivre encore faut-il les entretenir et savoir se défendre contre le confortable ronronnement de la routine
Les séminaires Arahim proposés par Mario IZCOVITCH et Mariano SCHLIMOVITCH sont des moyens à la portée des éducateurs pour donner toute sa force à l’action pédagogique.
Hélène ZRIHEN