Lundi 22 janvier, une vingtaine d’éducateurs, de représentants d’associations de jeunesse et de responsables de centres de vacances ont participé à la formation « Comprendre l’ADO 3.0 » initiée par NOÉ, en partenariat avec l’institut de formation Campus-FSJU.
Né du constat unanime partagé par l’ensemble des directeurs d’organismes de séjours et de mouvements de jeunesse qu’il faut mieux appréhender l’âge adolescent à l’heure des réseaux sociaux, Philippe Lévy, directeur de l’Action Jeunesse du Fonds Social Juif Unifié, propose un cycle de 10 workshops de formation en partenariat avec le Campus-FSJU. Il s’agit de « donner à tous ces praticiens du terrain, précise-t-il, une radioscopie de cet ado protéiforme de plus en plus présent sur Internet et notamment sur Facebook, Snapchat ou Instagram ».
Avec Hélène Zrihen, responsable du pôle formations au sein du Campus, vient d’être mise en place une série de 10 ateliers inédits sur la compréhension de l’adolescent destiné au public des éducateurs et directeurs d’ACM (Accueil Collectif de Mineurs) immédiatement concernés par cette génération de « digital natives », nés avec internet et dont le monde est à une portée de clics !
Pour inaugurer ce cycle de workshops, l’Action Jeunesse et Campus-FSJU ont fait appel à la crème des intervenants : Angélique Gozlan, Léa Bitelmal et Bernard Zanzouri. Un trio d’experts qui ont pour point commun l’expérience du terrain. Une journée durant, ils ont mené un atelier inaugural d’échanges.
Angélique Gozlan est docteur en psychopathologie et psychanalyse, psychologue clinicienne et chercheur associé à l’Université Lumière Lyon 2 et Paris 7-Diderot, auteure de « L’adolescent face à Facebook. Enjeux de la virtualescence » (éditions In Press 2016). Dans une pédagogie fine et affirmée, elle s’est exprimée devant une assemblée conquise, en développant de manière liminaire la problématique « Connaître l’ado 3.0 pour mieux le comprendre » avant d’illustrer son propos par l’exemple des réseaux sociaux phares des jeunes (Facebook, Instagram, Twitter) et leurs spécificités. A un auditoire avide de comprendre les enjeux des espaces virtuels et des images d’Internet sur la vie psychique des adolescents, elle a lancé cette piste de réflexion : « Selon vous, Facebook permet-il la construction de l’adolescent comme sujet, ou constitue-t-il une entrave ? ». Voilà le débat lancé, et le ton donné, qui mettra en résonance les expériences des éducateurs avec leurs éventuelles inquiétudes de perception à accueillir ce public qui vient souvent en découdre avec l’équipe d’animation.
Enfin, elle a mis en lumière le concept de « virtualescence », mot valise dont la contraction définit le « processus par lequel l’adolescent va trouver au sein du virtuel un espace d’élaboration de ses conflits pubertaires ».
Une matinée de formation qui n’a pas manqué de captiver l’intérêt du public, prompt à réinitialiser ses connaissances sur une sociologie réputée volatile et souvent « difficile à canaliser quand cette joyeuse progéniture est de surcroît confiée par des parents de plus en plus inquiets et intrusifs », confie un directeur de colo, visiblement concerné par ce changement de donne.
Après un déjeuner convivial qui a offert aux participants un espace d’échange revigorant sur leurs bonnes pratiques, Léa Bitelmal et Bernard Zanzouri ont pris la relève dans un format plus empirique, n’hésitant pas à faire appel à l’expérience des éducateurs chevronnés, à leurs anecdotes et questionnements les plus parlants pour stimuler une recherche de solutions collective.
Léa Bitelmal, en qualité de psychologue clinicienne rompue à l’animation socio-culturelle, intervenante à l’OPEJ et directrice de centres de vacances à Moadon, – dont elle dédia justement son approche pédagogique lors d’ACM qu’elle a dirigés avec succès-, est rentrée dans le vif d’un sujet brûlant pour nombre de directeurs de séjours de la communauté.
Son module : « Nos colos : autant de microcosmes de la société 3.0 » eut le mérite de brasser les situations les plus fréquemment rencontrées dans les colos. Qu’il s’agisse du projet éducatif de l’organisme, des relations avec les parents, ou du comportement de l’adolescent dans son rapport à l’adulte, au madrich (l’animateur), ou son lien de pair à pair, c’est à travers une série de cas pratiques directement empruntés aux séjours de la communauté que notre psy tous terrains a abordé des thématiques croisées : ordalie numérique, dérives de Snapchat, bizutages et harcèlement via les réseaux sociaux, amplification des rumeurs au sein d’une colo, culte du like, question du cadre et de l’autorité. Avec son acolyte, Bernard Zanzouri, et via des exercices par petits groupes, elle a pu permettre à chacun de s’exprimer et narrer son expérience.
En fin de journée, c’est Bernard Zanzouri qui sévit avec son sourire communicatif et son lot d’anecdotes et de métaphores qui de sa « théorie du surfer » au « gâteau façon pyramide de Maslow » témoigne d’une grande expérience d’éducateur et d’une volonté farouche de rendre accessible et imagée une pédagogie en actes.
Affectueusementdénommé par son cercle « l’homme qui parlait à l’oreille des ados », intervenant reconnu dans le monde francophone et en Israël, ancien responsable du mouvement de jeunesse Tikvatenou, qui œuvre aujourd’hui en tant que consultant spécialiste des adolescents en France et Israël, Bernard Zanzouri a présenté sa méthode A.D.O. (pour Apprendre – Dépassionner – Objectiver). Celle-ci repose sur la connaissance du fonctionnement de l’adolescent et vise à vulgariser les processus psychologiques et éducatifs pour laisser plus de place à l’action.
Cette journée intense et riche en débats a permis à tous les participants de faire connaissance et de partager des approches et savoir-faire complémentaires sur des thématiques concrètes.
La prochaine session, prévue en soirée le 25 avril prochain, permettra aux participants de découvrir de nouvelles méthodes basée sur la médiation entre jeunes et adultes.