Les enseignants de l’école Henri Schilli en séminaire d’été en Israël


Depuis quelques années, l’École Internationale pour l’Enseignement  de la Shoah (EIES) en partenariat avec le Campus FSJU, offre la possibilité aux enseignants de se former à l’enseignement de la Shoah, avec une approche originale : mettre l’accent sur la vie des Juifs, avant,  pendant et après la guerre, à travers l’art, la musique, la littérature.

C’est avec ces quelques indications, et beaucoup de curiosité, que l’équipe pédagogique de l’école Henri Schilli-Yabné, formée d’une quinzaine d’enseignants de maternelle et primaire, ‘hol et kodesh confondus, et menée par notre directrice Yael Benarrouch, décide de se lancer dans l’aventure de ce séminaire.

Arrivés à Jérusalem, nous sommes accueillis par Hélène Zrihen, responsable de l’unité André et Rina Neher, du Campus FSJU, et par Yoni Berrous, directeur du bureau francophone, à Yad Vashem (Département des Institutions Juives).

Nous nous posons évidemment beaucoup de questions : nos élèves de primaire et de maternelle ne sont-ils pas trop jeunes pour aborder cette période douloureuse de notre histoire ? Y a-t-il une véritable utilité à ce qu’ils l’abordent maintenant ? Peut-être vaudrait-il mieux attendre les classes du secondaire ?

La formation qui se déroule à l’EIES, sur l’immense site de Yad Vashem a été concue spécialement pour répondre à notre attente et tenir compte de notre spécificité.

Le campus, réparti  sur plusieurs étages, est vaste et clair, plein de vie; on y croise des groupes d’enseignants, juifs et non-juifs, venus du monde entier, ainsi que des soldats et des élèves.

Les salles de classe sont agréables et fonctionnelles. Nous redevenons élèves… Et voici, face à nous, une pléiade d’intervenants : ils sont universitaires, historiens, Rabbanim, psychologues, musicologues, ou encore enfants cachés. Passionnés par leur sujet, ils sont tous animés du même désir: transmettre leur savoir à nous, enseignants, pour que les futures générations sachent…

Notre formation est complétée par plusieurs visites : nouveau musée de Yad Vashem (avec une guide extraordinaire), la Tente du Souvenir, le musée des enfants, la vallée des  communautés perdues, la synagogue de Yad Vashem.

Des outils pédagogiques adaptés sont mis à notre disposition pour réfléchir à l’élaboration de futurs programmes…

Au fur et à mesure de ces exposés, de ces visites, nous réalisons que, si nous connaissions l’Histoire de la Shoah, en revanche nous ne savions rien, ou presque, de la vie, des coutumes, de la richesse culturelle de toutes ces communautés disparues. Nous ne savions rien de l’élan de vie et de créativité formidable qui continua à les animer, malgré le ghetto, malgré le camp d’extermination.

Nous découvrons les histoires de ces communautés, de ces familles, et soudain, ils cessent de n’être qu’une masse sombre, désolée, perdus dans le chiffre insondable de 6 millions… Ils redeviennent ce qu’on leur a volé : le droit d’être des hommes, des femmes, des enfants, des êtres humains, disparus, dont il apparaît indispensable d’honorer la mémoire par la connaissance de ce qu’ils ont été de leur vivant.

Nos élèves méritent de devenir des adultes solidement formés et informés de cet épisode tragique de leur histoire.

Nos élèves méritent de connaître correctement le passé de leur peuple pour se tourner sereinement vers leur avenir.

Nos élèves méritent que nous leur parlions de la Shoah autrement qu’au détour d’une leçon du programme d’histoire, ou en quelques phrases lapidaires juste avant d’entendre retentir la sonnerie de Yom HaShoah.

Et c’est à nous, enseignants, que revient ce devoir de transmission.

Merci à Hélène Zrihen, à Yoni Berrous et à Yael Benarrouch pour cette expérience forte, intense, lourde… Mais nécessaire.

Déborah Elbaz  – Enseignante 

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