Séance ouverte au programme Hé (Lélamed)
Cette fois encore, la séance ouverte sur les neurosciences avec Maryline Darmon a été des plus enrichissante.
Les thèmes développés ont été la plasticité cérébrale, les émotions dans les apprentissages ainsi que les intelligences multiples d’Howard Gardner.
Inspirée par la Fondation la main à la pâte, Madame Darmon a explicité la remise en cause de la théorie des intelligences multiples.
Une des critiques majeures que l’on peut formuler à propos de cette théorie est qu’elle est difficilement expérimentable.
D’abord, on ne sait pas si adopter une vision comme celle proposée par Gardner en classe, produit des effets positifs.
En deuxième lieu, l’idée des intelligences multiples n’est pas testable. Les risques du profilage hâtif et basé sur des outils improvisés sont réels.
En résumé les débats autour de la théorie des intelligences multiples sont complexes, notamment à cause des enjeux sociaux qu’elle recouvre.
Un des facteurs déterminants de la célébrité de Gardner est qu’il a associé le terme d’intelligence, très connoté, à ce qui aurait également pu s’appeler des talents ou habiletés.
Il convient cependant de rester attentif aux déformations de sa théorie, notamment lorsqu’on se penche sur sa mise en pratique : toutes les intelligences ne se valent pas forcément pour tous types d’apprentissage, et l’identification des profils des élèves est parfois trop simplifiée.
Selon Olivier Houdé, il n’y a pas lieu de faire un « neuromythe » de cette théorie.
En effet Gardner n’est pas un neuroscientifique, mais il a eu le mérite d’introduire la notion « biologiquement compatible » de diversité de l’intelligence humaine. Et si on remplace le mot intelligence par « forme cognitive », les données d’imagerie cérébrale sont aujourd’hui nombreuses à démontrer des réseaux neuronaux différents pour la cognition (acte de connaître) logico-mathématique, la cognition visio-spatiale, la cognition linguistique, celle musicale, la cognition sociale, la cognition émotionnelle et celle motrice ou corporelle, bien que partiellement enchevêtrées.
Autre thème développé par Stanislas Dehaene, spécialiste en sciences cognitives: les 4 piliers de l’apprentissage, à savoir l’attention, l’engagement actif, le retour d’information et la consolidation.
Nos capacités d’attention soutenue diminuent, car elles sont de plus en plus sollicité.
Le zapping attentionnel, que nos nouvelles vies technologiques nous font endurer, endommage sérieusement notre capacité à rester réellement en attention soutenue sur une seule tâche à la fois.
Ces nouvelles spécificités attentionnelles vont toutefois s’accentuer pour certains enfants et devenir réellement préoccupantes pour leur devenir scolaire.
A suivre…attentivement !!
Robet Derai