Dans le cadre de l’école juive, les parents délèguent aux enseignants le soin de s’occuper de l’instruction, voire de l’éducation, de leurs enfants. Le confinement rebat les cartes, il remet les interlocuteurs chacun à sa place.
Certes, l’enseignant, en tant que professionnel, est là pour fournir du contenu, mettre en place des situations d’apprentissage, mais l’accompagnement éducatif, c’est le parent qui doit l’assurer, le reprendre en main.
Les enfants ont l’habitude de faire la prière à l’école, surtout le matin, en Primaire. C’est un grand classique du début de la journée. Les enfants, tous en chœur, entonnent les bénédictions du matin ou le Cantique de la mer (Az yachir Moshé…). Le parent, lui aussi, probablement prie, mais ailleurs et sans ses enfants. Les deux vécus se rencontrent peu, sauf pendant le chabbat, s’ils fréquentent le même office. Ce qui n’est pas toujours le cas avec les offices des jeunes. Ils évoluent ainsi souvent dans des univers parallèles.
Or, vivre ensemble des temps, des expériences partagées, en y trouvant du plaisir et de la communion entre les générations, est un élément essentiel dans la transmission de l ’identité. C’est en voyant ses parents faire et être attaché à des attitudes, à des comportements, que la culture intellectuelle et affective de l’enfant se construit. Il sera d’abord dans l’imitation avant de se construire sa propre manière d’être. Cela deviendra des repères, des références, pour son identité personnelle et familiale, qui constitueront une base sécurisante pour le développement de sa personnalité.
Si le confinement a du bon, c’est parce qu’il nous réunit et nous permet de nous retrouver sur des expériences partagées. Mais il ne suffit pas de se retrouver ensemble pour réussir à prier entre parents et enfants. Il n’y a pas de recette magique ! Pour que cela fonctionne, il faut suivre quelques conseils, car il y a bien des obstacles.
L’enfant peut ne pas avoir envie : « on n’est pas à l’école, alors pourquoi faire comme à l’école ? ». L’enfant peut être attiré par une autre activité, juste à ce moment-là !
L’adulte peut avoir honte de prier avec un enfant !
Le parent peut ne pas comprendre que c’est un temps essentiel de partage et de transmission et s’enfermer dans sa prière solitaire, pour ne pas perdre sa concentration (comme s’il était toujours hyper concentré !).
Le parent, ce n’est pas forcément le papa, la maman est autant concernée, si elle en a envie.
Pour vous aider, à trouver du plaisir et à vous retrouver avec vos enfants pour des moments forts, voici notre prescription :
- Imprégnez-vous de bienveillance
- Ne cherchez pas la perfection, renoncez à votre rituel habituel, pour vivre un moment fort avec votre enfant, ou mieux vos enfants.
- Laissez-le prendre la main pour conduire la prière et suivez son chant plutôt que d’essayer de placer le vôtre.
- Dites-vous bien que cela doit être un moment de partage familial, vous n’êtes pas en train de l’instruire comme on gave une oie.
- Vivez l’instant avec décontraction, car ce que vous faites est bien pour lui.
- Ne vous angoissez pas si cela ne marche pas la première fois, ni si ce n’est pas possible chaque jour, vous ne participez pas au concours de la famille la plus performante, vous essayez juste de créer des souvenirs partagés avec vos enfants.
- Choisissez le moment le plus propice de la journée, ce n’est pas forcément le matin, ce peut être l’après-midi ou le soir.
Vivre une même activité de manière positive entre parents et enfants, c’est tellement important que cela prime tout. Alors profitez de l’occasion et priez avec vos enfants, sans en faire une contrainte, mais bien un moment de vécu agréable partagé.
Patrick Petit-Ohayon
Directeur du Campus FSJU et de l’Action scolaire du FSJU, Pédagogue, Formateur