LES NEUROSCIENCES AU SERVICE DE D’ENSEIGNEMENT DU KODESH  


C’est au séminaire israélite de France que s’est déroulée le lundi 11 février 2019, une formation sur l’apport des Neurosciences dans le domaine de l’éducation.

« La pédagogie est comme la médecine : un art, mais qui s’appuie ou devrait s’appuyer sur des connaissances scientifiques précises. » Jean Piaget (1949)

C’est ce désir de connaître les mécanismes de l’apprentissage, à la lueur des nouvelles découvertes des neurosciences qui a motivé des rabbins et des professeurs de Kodesh de tous horizons, dont certains engagés depuis presque deux années dans le programme des professeurs d’enseignement juif du Campus FSJU, accueillis par le Grand Rabbin Kaufmann, dans les locaux de la rue Vauquelin.

L’imagerie fonctionnelle cérébrale (IRM) nous éclaire de jour en jour sur le fonctionnement du cerveau de nos enfants pendant les apprentissages. Chaque cerveau est unique. Chaque enfant a sa propre manière d’apprendre. Les neurosciences cognitives orientent nos pratiques pédagogiques.

« Il ne s’agit pas de tout révolutionner, ni de « jeter » ce qui a déjà été fait », nous enseigne Mme Pascale Toscani, enseignante-chercheure en neurosciences, mais plutôt de réfléchir ensemble à des outils à construire et à proposer, à des activités à mettre en place, à des manières de regrouper les élèves afin de favoriser la motivation, l’attention, l’engagement dans les apprentissages, la mémorisation à long terme, l’estime de soi et bien sûr, le bien-être à l’école …

Vaste programme !

« Des enseignants qui apprennent, ce sont des élèves qui réussissent. » François Muller (2017)

Cette formation en plusieurs sessions, organisée par Monsieur Robert Derai, a pour but de modifier le regard des participants sur l’enfant et sur sa manière d’apprendre mais aussi et avant tout, de modifier leur propre posture d’enseignant, d’éducateur : Un rôle de « facilitateur d’apprentissage » plutôt que de « transmetteur unique de savoirs ».

Lors de cette formation, les 4 piliers de l’apprentissage de Stanislas Dehaene ont été succinctement présentés : l’attention, l’engagement actif, le retour d’information, la consolidation.

Ensuite, la notion de plasticité cérébrale a été développée, agrémentée d’exemples concrets dans la vie quotidienne et en classe : apprendre modifie la structure de notre cerveau. La plasticité cérébrale représente la capacité du cerveau à réorganiser les connexions entre les neurones, en fonction des apprentissages et des expériences et cela à tous les âges de la vie.

D’où le regard bienveillant de l’enseignant, son « attente positive » vis-à-vis de l’enfant dans les apprentissages. Fini le regard « fixiste » qui détermine à l’avance l’avenir tout tracé d’un élève pour peu qu’il ait quelques difficultés à un moment donné. Nos jugements scolaires stigmatisent parfois les élèves : « Tu n’y arriveras pas… », « Tu es limité… », nous créons sans le savoir des blessures profondes dues à notre regard.

La notion de plasticité cérébrale, de remodelage permanent du cerveau est une excellente nouvelle pour les enseignants au sujet de l’intelligence dynamique et non figée de l’élève, mais aussi et surtout pour l’enfant vis-à-vis de lui-même.  A condition qu’on lui enseigne cette notion bien sûr, il a conscience aujourd’hui de sa perfectibilité, de sa possibilité d’évoluer à tout moment en travaillant, en fournissant des efforts. Une vision tellement plus optimiste d’une part sur notre métier et sur nos attentes, et d’autre part sur la valorisation de l’effort, sur la nécessité de la prise en compte de l’erreur et de la construction de l’estime de soi de l’individu.

Dans une troisième partie, l’importance de la métacognition a été soulignée. Initier et entraîner l’élève à cette attitude réflexive, en « allant voir ce qui s’est passé dans sa tête » pour retracer les étapes de son raisonnement, pour analyser les procédures mises en place pour réaliser une tâche, réfléchir à ce qui a bien fonctionné ou pas…analyser sereinement ses erreurs, sans stress et anticiper sur des stratégies plus efficaces… En favorisant cette gymnastique intellectuelle, l’enseignant permet à l’élève « d’apprendre à apprendre », une notion chère à Réuven Feuerstein. Il lui permet d’être « acteur » et le place ainsi au cœur des apprentissages.

D’autres notions tout aussi stimulantes et plus justes sur le cerveau lorsqu’il apprend seront développées lors de la prochaine rencontre.

« Eduque ton enfant selon son chemin. » nous enseignait déjà le roi Salomon, dans Michelé 22, verset 6.

C’est très modestement ce à quoi nous tentons de réfléchir lors de ces formations pédagogiques.

 

Maryline DARMON

Enseignante, Conseillère pédagogique

Formatrice d’enseignants au CFP André et Rina Neher du Campus FSJU

 

NB : Madame Darmon interviendra le lundi 11 mars prochain dans le cadre des journées de formation ouvertes du Campus FSJU à destination des enseignants de Kodesh sur la thématique : « L’élève au cœur des apprentissages »

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